Dropshippers et influenceurs : les liaisons dangereuses

Oui, nous avons déjà écrit sur les dérives du dropshipping et sur celles liées aux influenceurs. Mais lorsque les deux se combinent, on obtient quelque chose qui est au mieux une très mauvaise affaire pour le client, au pire une bonne grosse arnaque. Nous allons donc voir pourquoi ce phénomène perdure et prend de l’ampleur malgré les scandales à répétition… Mais nous allons aussi voir comment faire pour lutter contre !

Petit rappel pour commencer. Un dropshipper vend des articles qu’il n’a pas. Il crée une boutique en ligne, attire des pigeons clients et passe commande auprès de fournisseurs qui livrent directement les dits clients. Cela veut donc dire qu’en partant de rien, depuis chez vous, vous allez pouvoir monter un business et potentiellement gagner beaucoup d’argent : le rêve !

La stratégie du dropshipper en 5 minutes

Vous êtes séduit ? Vous voulez vous mettre au dropshipping demain ? Votre stratégie sera grosso modo la suivante :

1) Trouver un produit « gagnant »

Un produit gagnant est celui qui va vous permettre d’optimiser votre marge et votre nombre de ventes. Pour optimiser la marge, il faut trouver un produit pour lequel l’écart entre la valeur perçue par vos clients et votre prix d’achat est le plus grand possible. Pour optimiser le nombre de ventes, il faut qu’il soit dans une gamme de prix compatible avec votre public cible et qu’il réponde à un besoin ou à une tendance du moment. Même s’ils s’en défendent, la plus grande partie des dropshippers partent à la recherche de leurs produits gagnants sur Ali Express à l’aide d’outils comme Adspy.

2) Monter votre boutique en ligne

Monter une boutique en ligne est une chose rendue remarquablement simple par Shopify. La boutique sera le plus souvent dédiée à votre produit gagnant et à quelques accessoires ou « packs » liés à celui-ci. Attention néanmoins ! Même si c’est techniquement accessible à toute personne à l’aise avec l’informatique, ajuster les bons paramètres pour avoir une boutique qui va cartonner demande un vrai savoir-faire.

3) Faire venir des clients

Vous avez une jolie boutique prête à faire des tas de ventes de votre produit gagnant ? Il s’agit maintenant de faire venir les gens prêts à l’acheter ! Les boutiques de dropshipping ayant une durée de vie généralement courte, l’approche privilégiée est donc la pub (Facebook et Google). Mais, comme on va le voir, le passage par les influenceurs devient de plus en plus incontournable.

4) Gérer l’administratif et la logistique

Ça y est : les premiers clients passent commande ! Vous allez devoir vous-même passer les commandes au fournisseur pour qu’il livre vos clients. Il faut aussi penser à un moment ou à un autre à créer une (auto)entreprise, à vous occuper de toute les questions légales… Oh ! Et n’oubliez pas le service après-vente, parce qu’il va y en avoir !

Le dropshipping en 2020

Bon, je vois déjà les hordes de dropshippers arriver dans les commentaires pour me dire « Eh mec ! Arrête de raconter des conneries ! On voit que tu n’y connais rien ! Les vraies techniques des winners qui font du drop, c’est pas ça ! Et puis t’es qu’un espèce de gros frustré qu’aime pas les gens qui réussissent ! ». Je vous invite à lire leurs commentaires sur l’article que je leur ai déjà consacré : c’est beau.

Evidemment, cela fait maintenant près de 10 ans que les techniques de dropshipping évoluent et s’affinent : il y a donc des tas de petites subtilités que je n’évoque pas ici parce qu’elles ne changent pas les problèmes de fond que je dénonce ici. Malgré tout, il y a quelques points importants à connaître sur le dropshipping en 2020.

  • Les campagnes Facebook et Google sont devenues beaucoup plus coûteuses avec le temps. Il est très facile de voir une grosse partie de sa marge y passer.
  • Alors qu’elles ont pendant longtemps été les meilleures amies des dropshippers les moins scrupuleux, les campagnes Facebook sont désormais très contrôlées. Il est maintenant devenu fréquent que des comptes soient suspendus, y compris pour des gens bien intentionnés.
  • Parallèlement, le public drainé par les influenceurs Instagram a littéralement explosé ces 5 dernières années. Les opportunités de vendre à travers eux sont devenues plus grandes que jamais

Bref, vous l’aurez compris : passer par un influenceur est aujourd’hui un vecteur de premier choix pour les dropshippers.

Le business de l’influence

Un influenceur a beau avoir des milliers de fans qui le suivent en ligne, il n’a pas pour autant un petit virement de la part des réseaux sociaux qui tombe automatiquement sur son compte tous les mois. Pour gagner de l’argent, un influenceur doit donc « monétiser » son audience. Pour ça, il a plusieurs moyens.

  • Faire directement appel à la générosité de ses fans via des outils comme Tippy
  • Accepter des encarts publicitaires de la part de la plate-forme. Youtube diffusera par exemple une ou deux pubs pendant ses vidéos et lui versera de l’argent pour ça
  • Vendre ses propres produits : des livres, des formations, des produits merchandising ou encore des contenus « premium »
  • Etre sponsorisé par une ou plusieurs marques pour en être un « ambassadeur » (comme peut l’être un sportif par exemple)
  • Faire des « partenariats » (ah oui, le milieu est un peu faux-cul et n’utilise pas le mot “publicité”) ! L’influenceur présente un produit sur un certain nombre de posts et/ou de stories et il est payé par le vendeur pour qui il a fait de la pub

Soyons clairs, ce dernier moyen est souvent le plus rémunérateur pour un grand nombre d’influenceurs.

Si je résume, nous avons d’un côté des « influs » qui cherchent des vendeurs pour de la publicité bien rémunérée, de l’autre des dropshippers qui cherchent des relais sur les réseaux sociaux faire venir des clients chez eux. Faisons les se rencontrer !

La chasse à l’influenceur

Première méthode pour contacter des influenceurs : l’approche directe. Le principe est de rechercher des influenceurs en relation avec une cible marketing (de quoi parle l’influenceur ?) et un budget (quelle est la taille de sa communauté et son influence sur celle-ci ?), et d’envoyer des messages directs. Les influenceurs prêts à faire de la publicité ont normalement une adresse dédiée aux « partenariats ».

Les petites communautés de dropshippers se refilent un courrier-type qu’ils distribuent aux différents influs qui leur paraissent intéressants. Qu’est-ce que ça donne ? En voici un exemple :

« Bonjour,

Je suis la responsable commerciale de la boutique GUERLZ.COM, et je me permets de vous contacter après une étude profonde de votre profil, qui correspond parfaitement à nos attentes.

Contexte : Lancement d’un nouveau produit – Legging Fitness anti-cellulite – sur notre site GUERLZ.COM

En effet, vu votre influence sur plusieurs milliers de personnes qui pourraient potentiellement constituer notre clientèle, nous sommes réellement désireux de travailler avec vous. D’ailleurs, nous avions déjà collaboré avec une centaine d’influenceurs dans d’autres niches, nos conversations par la suite pourront témoigner notre professionnalisme pour aboutir à un contrat long terme.

Je serais très heureuse d’échanger avec vous en détail pour me communiquer vos tarifs, et merci de l’attention que vous accorderez à ce mail. »

Evidemment, la plupart du temps, c’est complètement bidon. Dans l’exemple ci-dessus, il s’agissait d’un site qui revendait plusieurs fois son prix un produit provenant d’Aliexpress sans grande attention portée à la légalité. Le site, sans grande surprise, est aujourd’hui fermé.

La différence entre le bon et le mauvais influenceur ?

A force de recherche et en payant le bon prix, les dropshippers arrivent parfois à convaincre les influenceurs les moins regardants. Heureusement, une majorité des influenceurs contactés ainsi ne donnent pas suite, notamment parce qu’ils ne sont pas prêts à conseiller n’importe quoi.

Laissons justement la parole à « La petite Gaby », une youtubeuse beauté qui a très gentiment accepté de témoigner à ce sujet :

« Je reçois des messages de ce type quotidiennement. J’ai quelques règles d’or pour éviter les mauvaises surprises :

– vérifications de la provenance, normes, siret, valeurs de l’entreprise. Je demande des documents officiels.

Le produit doit être:

– éthique, bio, ou naturel pour coller à ma ligne éditoriale

– je privilégie le made in FR ou EU

– la présence de logos reconnu par le ministère ou très sérieux (ex: CosmeBio, GoTS, Nature et progrès) sont un bon signe

– un marketing raisonné et raisonnable est aussi un bon signe

– et évidemment je teste les produits qui me sont envoyés. Si ils ne sont pas convaincants le partenariat n’aboutit pas.

Si j’ai le moindre doute, s’il y a la moindre incohérence, pareil je laisse tomber. »

Par ailleurs, suite à quelques scandales liés à des partenariats très douteux (Emma Cakecup, Nabilla ou encore Jazz Correia), les grands influenceurs sont à présent beaucoup plus vigilants et laissent généralement à des professionnels le soin de gérer leurs affaires.

Les agences d’influenceurs

Pour toucher les bons influenceurs sans passer par ce pénible travail de contact direct, les vendeurs ont un autre moyen : passer par des agences ou des « networks » d’influenceurs. Ces agences proposent un ensemble de services dont le principal est de donner accès à des groupes d’influenceurs recherchés. En France, 2 agences ont particulièrement fait parler d’elles :

Où est le problème ?

Le principal problème est pour les clients. Rappelons les principaux risques liés au dropshipping : délais de livraison très longs, SAV compliqué, marchands peu respectueux des droits des consommateurs (bien souvent, parce qu’ils ne connaissent tout simplement pas la loi) et présentation des produits souvent trompeuse. Le phénomène est tel que la plateforme de paiement Stripe a interdit aux dropshippers de l’utiliser (mais ils continuent). Sachez aussi que beaucoup de gens se lancent dans cette aventure espérant faire fortune. Ils n’ont donc aucune idée des exigences légales qu’ils doivent remplir et ne parviennent pas à assurer un bon suivi des commandes. Ils finissent généralement par avoir des problèmes que des entreprises très jeunes n’arrivent pas à surmonter.

Lorsque les influenceurs participent à ce genre de choses, ils trompent la confiance que leur communauté place en eux. Et pourtant, nombre d’entre eux sont encore prêts à fermer les yeux ! Un Créatif a ainsi réalisé une fausse boutique de dropshipping et a réussi à conclure un partenariat avec un micro-influenceur pour promouvoir ses montres bidon. Regardez sa vidéo, elle vaut le détour !

Bref, plus que jamais, pensez à suivre nos 5 conseils avant de faire un achat en ligne, y compris s’il vous a été conseillé par quelqu’un en qui vous avez confiance !

Que faire pour enrayer le phénomène ?

Vous l’aurez compris, dans ce marché en plein boom, les affaires ne sont pas encore toujours très claires ! Et si quelques personnes s’en mettent plein les poches, les perdants sont les plus nombreux. Les consommateurs floués sont bien entendu les premières victimes, d’autant qu’il leur est souvent difficile de récupérer leur argent malgré l’émergence du chargeback. Les influenceurs respectueux de leur communauté et les marchands de leurs clients pâtissent aussi de ces scandales et de la défiance généralisée qu’ils génèrent. Le Youtubeur “le roi des rats” avait d’ailleurs très bien résumé le problème dans cette vidéo.

Alors passons à l’action ! Vous pensez avoir pris un influenceur en flagrant délit de dropshipping ? Faites-le nous savoir :

Nous allons désormais être plus actifs, sur Instagram en particulier, pour dénoncer ces pratiques qui ont bien trop duré. N’hésitez pas à relayer nos alertes !

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1 réponse

  1. Nourry dit :

    Box bonbon a 1 euros or c est faux tu as un abonnement de 30 euros qui se prélève que de la pub mensongère

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